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ISSA KANSAYE: MAIRE YELEMA DE LA COMMUNE URBAINE DE MOPTI: JE M’ENGAGE A DEFENDRE D’ABORD LES INTERETS DE MA COMMUNE

A cœur ouvert, Issa Kansaye, le tout nouveau maire de la commune urbaine de Mopti livre, dans cette interview, ses ambitions pour le développement de sa commune. Son engagement, sa détermination et son attachement au travail bien fait n’est plus à démontrer aux populations de sa commune. Son élection à la tête de cette commune témoigne cela. Lisez donc l’interview !

Expliquez-nous les circonstances de votre élection à la tête de la commune de Mopti.

J’étais en contact direct avec la population il y a plus de 10 ans, donc bien avant de commencer la politique. Je suis également dans les mouvements de la jeunesse et dans les associations des femmes. Je participe à leurs activités, j’ai soutenu tous ces groupements dans leurs activités. Il y a également des clubs de soutien à Issa Kansaye qui nous soutenaient dans toutes nos activités. Ainsi, le premier club de soutien a été mis en place en 2012 à Mopti-Gangal. C’est tous ceux-là qui m’ont poussé à suivre les conseils de Dr. Diawara, c’est-à-dire, à faire la politique. Je m’engage à défendre d’abord les intérêts de ma commune, en appuyant surtout la jeunesse et les femmes. Il faut comprendre également qu’il y avait un manque de leadership après le départ de M. Oumar Bathily. C’est ainsi que je me voyais comme la personne idéale

pour répondre aux attentes de la population de Mopti.

Quelles ambitions avez-vous pour le développement harmonieux de votre commune ?

Notre vœu le plus ardent aujourd’hui est le développement de la commune urbaine de Mopti. C’est aussi le renforcement des capacités dans tous les secteurs de l’économie. Ainsi, avec cette crise qui a affecté la région, Mopti a besoin vraiment de ses fils pour la faire sortir de cette situation. On le voit aujourd’hui, la crise a beaucoup joué sur l’économie sur tous les plus plans. Artisanat, tourisme, élevage, pêche, etc., tout est à plat.

C’est ainsi que nous pensons pouvoir sortir la commune de la crise en réunissant l’ensemble des acteurs concernés afin de recenser les problèmes et les difficultés persistantes pour qu’on aille ensemble, dans une démarche collégiale, vers l’émergence de Mopti.

Aussi, on a des jeunes diplômés qui sont actuellement en chômage, à cause de la crise. Nous allons monter des projets pour ces jeunes-là pour d’abord qu’ils fassent une formation de base. Nous allons ainsi former des jeunes diplômés sans emplois, et même des jeunes qui ne sont pas diplômés. C’est ainsi que nous allons voir avec les structures concernées comment insérer ces jeunes dans la vie socioprofessionnelle, c’est-à-dire, dans la vie active. C’est l’objectif que nous visons pour les cinq années à venir. Par exemple, un jeune formé dans la menuiserie n’a besoin que d’un petit moyen pour asseoir son autonomie. Cela peut aussi contribuer à créer plusieurs autres emplois. Il faut aussi former les femmes et en partenariat avec les micro-finances, nous allons les aider dans le secteur du petit commerce pour leur essor économique.

Concernant le secteur du tourisme, les occidentaux ne viennent plus. Est-ce qu’on peut les attendre pour redresser notre économie dans ce secteur ? Non ! Je pense qu’il faut développer le tourisme local. Cela va permettre de booster ce secteur. Il y avait près de deux milles employés dans ce secteur dont la plupart est en chômage aujourd’hui. Ainsi, dans le tourisme local, au lieu d’amener les enfants (élèves) en tournée dans les pays européens, il faut organiser des colonies de vacance à l’interne. Il faut organiser nos sites et programmer des voyages d’études, des colonies de vacances, etc. Cela peut créer de l’emploi et pour les populations locales et pour les guides qui sont actuellement en chômage. Aujourd’hui, il y a plus de 400 jeunes qui sont concernés par ce chômage. Et ces guides en chômage constituent un danger pour la société. Ils constituent également une véritable menace pour la sécurité. Parce qu’ils peuvent être facilement enrôlés par des groupes terroristes ou narcotrafiquants. En organisant également ce secteur, on peut décourager les éventuels candidats à l’émigration. Ceci est très important puisque ce seul secteur de l’artisanat et du tourisme regroupait près de 70% de la population.

La question sécuritaire préoccupe l’ensemble de la population de Mopti. Au cours de la campagne électorale, votre Directeur de campagne, Dr. Diawara, avait affirmé que votre stratégie sera d’anticiper sur les conflits. Ainsi donc, même si l’armée est commandée uniquement par le gouvernement, les collectivités aussi ont un rôle à jouer dans la sécurisation de la population. Comment comptez-vous anticiper sur les conflits dans votre commune ?

Je pense que pour anticiper sur les conflits, il faut impliquer la population à la base, c’est-à-dire, les victimes, les démunis, surtout les femmes et même les groupes armés. Dans cette crise, on doit considérer les femmes comme les couches vulnérables, car ce sont elles les premières victimes : elles ont été violées, abandonnées, etc. Au moment où la crise était à son apogée, les hommes sont partis mais les femmes sont restées, car elles ne voulaient pas abandonner les enfants. Ainsi, il faut impliquer toutes ces couches pour que nous puissions avoir la sécurité. Il faut également classifier les problèmes pour qu’en fin de compte, on y trouve des solutions idoines et durables au lieu de chercher les solutions au haut niveau pour une crise dont nous vivons avec l’ensemble des acteurs. Il faut s’intéresser à la base. Nous savons que c’est la population elle-même qui crée l’insécurité. Donc, c’est entre nous frères, amis, etc. Pourquoi entre nous, on ne s’entend pas ? La solution, c’est l’organisation des concertations au niveau des familles, quartiers, villes, régions ; et après, faire remonter ces informations pour les traiter individuellement, c’est-à-dire, cas par cas. Aussi, il y a des zones qui sont touchées. Pourquoi ne pas faire des concertations dans ces zones, au lieu de limiter les concertations au niveau régional ? Le Front de libération du Macina vient d’être créé récemment. Pourquoi ne pas démarcher et négocier avec Amadou Kouffa et ses combattants ?

La région de Mopti est aussi connue comme berceau des conflits fonciers. Quelles stratégies comptez-vous mettre en œuvre pour éradiquer ce fléau ?

Effectivement, Mopti est toujours confrontée à des problèmes fonciers dus souvent à l’incompréhension entre éleveurs et agriculteurs dans les zones rurales et entre les populations urbaines aussi. Aujourd’hui, pour qu’on ait une vision claire sur la question foncière, il faut faire l’état des lieux et l’audit des réserves foncières de la commune afin de déterminer les espaces verts et les recenser. Dans un deuxième temps, il faut recenser aussi les espaces qui ont été spoliés ; chercher à connaître les vrais propriétaires et les mettre dans leurs droits. Aujourd’hui, on voit toute sorte de manipulations, concernant la question foncière à Mopti. Il se trouve même qu’une seule parcelle a deux ou trois propriétaires. Là, il faut chercher à savoir qui est le premier bénéficiaire pour connaître le vrai propriétaire. Et son parcelle lui sera restituée. Nous sommes dans un Etat de droit. Ainsi, nous allons axer notre programme sur ça pendant les 6 mois à venir. Nous allons également recaser certaines personnes qui ont été spoliées de leurs parcelles. Et au cas où il y aurait des agents qui sont complices dans ces sales affaires, ils seront sanctionnés.

Par ailleurs aussi, il y a des zones avec des habitations illicites. Nous allons nous atteler à restituer ces habitations aux vrais propriétaires et recaser les différents déguerpis. Cela va de soi pour l’assainissement même de la ville de Mopti. On ne peut pas assainir la ville avec des habitations primitives. Ainsi donc, concernant le foncier, pour nous, tout le monde a droit à un toit. C’est ainsi que nous ambitionnons la construction de logements sociaux à la hauteur des moyens des habitants de la commune. Ce, en concertation avec les services techniques concernés. Ces logements seront attribués à ceux qui en ont besoin.

Concernant l’assainissement, Mopti est toujours à la traine. Quel est votre plan pour assainir votre commune ?

Moi, je ne dirai pas que Mopti est à la traine. Mais je dirai qu’elle est en retard. Nous avons bel et bien un plan. L’assainissement constitue notre objectif primordial aujourd’hui. C’est notre crédo de tous les jours et seul l’assainissement peut nous sortir de la pauvreté, du chômage, des maladies, etc. Si un environnement n’est pas assaini, les maladies qu’il provoque joue sur l’éducation des enfants. C’est ainsi que nous allons faire de l’assainissement une source d’emploi. Nous allons renforcer nos capacités d’intervention sur le terrain. Cela permettra à certains jeunes d’être employés au niveau de la Mairie. Mopti a aujourd’hui des dépôts de transit et des dépôts finaux, mais c’est insuffisant. Il y a des dépôts qui ont été envieillis par des parcelles et attribués à certaines personnes. En concertation avec les services techniques, nous allons aménager d’autres dépôts. Et les déchets seront traités et transformés en engrais, en briques, etc. Tous ces aspect créeront de l’emploi dans la commune et diminueront le taux de chômage. Et ça permettra aussi d’embellir la ville.

Mais on ne peut pas assainir sans un changement notoire de comportement. Cet aspect est très important. Il ne sert à rien d’assainir aujourd’hui et de salir demain. Ainsi, il y a un manque de sensibilisation au niveau de la population. C’est pourquoi en partenariat avec les chefs de quartiers, nous allons organiser des journées de sensibilisation pour expliquer à la population à la base, l’importance de l’assainissement et les inciter à en faire une affaire de tous. Il faut les faire raisonner de sorte qu’ils prennent conscience que c’est leurs pratiques de tous les jours qui salissent leur ville. Par exemple, ceux qui versent les ordures dans les caniveaux ; s’il y a inondation pendant l’hivernage, c’est de leur faute. Il y a aussi la pollution, qui nous rend malade. Donc, il est très important pour nous d’impliquer la population à l’assainissement. Et nous sommes entrain d’équiper les différents services pour faire face à tout ça ; notamment la voirie, qui manquait de moyens pour arriver à faire face à ses missions. C’est même à partir de là qu’il y aura d’autres recrutements au niveau de la commune.

On sait aussi que le plan d’urbanisation n’a pas été respecté dans certaines parties de la ville de Mopti et même à Sévaré. Nous sommes en train de voir dans la mesure du possible ce qu’on pourra faire pour arranger tous ça.

Mopti sera bientôt une ville coquette, car nous sommes en train d’organiser une compétition inter-quartiers. Cela aussi peut donner du courage à la population de travailler à assainir leur ville.

Quel appel avez-vous à l’adresse de la population de votre commune ?

Je demande à la population la patience parce que nous venons d’arriver à la tête de la commune. Nous voulons aussi le soutien de tout le monde, à travers les critiques et suggestions. C’est pourquoi nous avons organisé un débat public avec l’ORTM pour connaître les besoins réels de la population et travailler dans ce sens.

Je demande également aux chefs de villages, chefs de quartiers, imams et autres autorités coutumières de s’impliquer dans l’assainissement de la commune ; dans la sécurisation de la commune et dans l’éducation des citoyens.

Je demande à la jeunesse de se battre, car l’avenir est devant nous. Nos parents nous ont laissé un héritage, c’est le vivre ensemble. Ainsi donc, nous devons tout faire pour ne pas perdre cette vertu.

Dans le cadre du contrôle citoyen de l’action publique, la porte de la Mairie est grandement ouverte à tout le monde. Nous sommes là, les informations sont là et nous n’avons rien à cacher.

Entretien réalisé par Alfousseini Togo

Source: Le Canard de la Venise

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