l y a une réalité incontestable au Mali, c’est la liberté réelle dont jouit les acteurs de la presse. La presse malienne se caractérise par une variété importante d’acteurs et une diversité significative des services offerts. Ces acteurs occupent l’essentiel des crédos professionnels généralement reconnus. Le développement des technologies d’information et de communication a entrainé une réelle démocratisation de la profession.
Les maliens sont maintenant habitués à un paysage constellé de web tv, de chroniqueurs sur les réseaux sociaux, d’activistes de toutes sortes ou d’influenceurs aux cotés des acteurs classiques de la presse. Les producteurs d’opinion par vidéo jusqu’au simple citoyen qui constatent et informent, complètent ce tableau lequel consacre un réel foisonnement de la production et de la diffusion d’information dans notre pays. Il est vrai que la qualité du travail n’est pas toujours à hauteur de souhait et que la véracité des faits relayés n’est pas toujours fondée, mais cette situation est fondamentalement positive, au-delà des dérives qu’elle entraîne.
L’auto régulation de la profession est encouragée par les autorités publiques qui garantissent une forte présence des professionnels au sein des institutions en charge du contrôle. Il faut également noter une relative mansuétude de la justice, sauf si ce sont les magistrats qui sont pris à partie, à l’égard de la presse. Cela est satisfaisant, il faut s’en réjouir et cette tendance devrait être maintenue.
La liberté de presse constitue donc indéniablement le socle le plus solide de la démocratie malienne.
Il convient de la renforcer et donner à la presse les moyens de la vraie indépendance, celle qui mettra ses animateurs à l’abri de la précarité sur tous les plans. Dans cette perspective, un vrai partenariat doit réunir les pouvoirs publics et les acteurs de la presse afin de conduire quelques chantiers significatifs.
Le premier de ces chantiers est de donner un contenu au concept de journaliste. Nous devons convenir des critères d’accès à la profession (formation, expérience…), des exigences à respecter, du plan de carrière, des droits…bref il faut un véritable statut pour les journalistes et une convention collective complète pour le secteur.
Ce dispositif n’est pas destiné à lutter contre les nombreux autres acteurs, dont des citoyens qui produisent et/ou diffusent de l’information. Ceux-ci doivent exister et cela constitue une bonne respiration pour la démocratie. Cependant il faut impérativement protéger et promouvoir les professionnels de l’information.
Le second chantier est celui de la mise en place d’un dispositif de soutien à l’édification d’entreprises de presse et de groupes solides de presse multimédias.
Il faut pour ce faire des règlementations adaptées à la profession, un dispositif de financement approprié, des mesures fiscales incitatives, un système durable de subvention publique au même titre que le financement des partis politiques. Il faudra sans doute un système de contrôle plus efficace pour valider la pertinence de l’utilisation de ressources publiques.
Dans la même direction, nous devons créer les conditions pour que la presse devienne une affaire d’opérateurs économiques, réduire considérablement le champ de l’audiovisuel public et s’orienter vers sa mutation en acteur privé.
Parallèlement à cela, il faudra instaurer des rapports de collaboration efficients entre l’Etat, les collectivités publiques et les acteurs de la presse au moyen de conventions de partenariat instaurant des missions de service public pour ces opérateurs privés (éducation, formation, sensibilisation, soutien aux productions nationales…) à travers des cahiers de charge précis. On fera ainsi une liaison pertinente entre la nécessité de réaliser des profits et le devoir de contribuer à l’éveil citoyen des populations. Nous mettrons ainsi l’accent sur la particularité de la presse qui est certainement une activité à part pour la collectivité.
Moussa MARA.
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